Kathryn, stagiaire britannique à La Route des Langues, vous aide à y voir plus clair.
La situation politique entre le Royaume Uni et l’Union Européenne est actuellement très précaire, pour le moins. Nous sommes vraiment dans un domaine inconnu où même les politiciens ne sont pas sûrs de ce qui se passera. Avec toute l’incertitude et les différents avis qui entourent le sujet, il est bien difficile de suivre les nouvelles et de comprendre les enjeux. Ce guide vous offre une explication simple du Brexit pour vous permettre de vous informer et de vous engager dans un changement qui pourrait vraiment toucher notre monde.
Qu’est-ce que c’est, le ‘Brexit’ ?
Brexit est la décision du Royaume Uni de quitter l’UE. C’est un mélange des mots ‘British’ et ‘exit’ (si les français voulaient partir ils auraient choisi peut-être ‘Frau revoir’…)
Comment s’est-t-il passé ?
Le Brexit s’est passé en conséquence d’un référendum britannique le 23 juin 2016, ordonné par le premier ministre d’alors – David Cameron. Plus que 30 million personnes ont voté: 52% pour quitter, 48% pour rester – un résultat inattendu.
Pourquoi partir ?
La volonté de quitter l’UE est venue principalement du Parti de droite ‘UK Independence Party’, et de certains membres très en vue du Parti conservateur (comme l’ancien maire de Londres, Boris Johnson). Ceux-ci pensaient que faire partie de l’UE était contraignant en termes d’immigration et de droit de l’entreprise, et ne voulaient plus payer le frais d’adhésion à l’UE. L’une de ses campagnes marquantes était une série de bus qui portaient le slogan “We send the EU £350 million a week, let’s fund our NHS instead” (nous payons l’UE £350 million par semaine, finançons notre NHS à la place). Cette affirmation qu’on gagnerait cette somme d’argent pour le système de santé national en quittant l’UE a été pourtant prouvée fausse.
Pourquoi rester ?
Les partisans du ‘Remain’ comprenaient beaucoup de députés du Parti travailliste et du Parti conservateur, la plupart de grandes entreprises britanniques et même l’ex-président des Etats-Unis Barack Obama. David Cameron, le premier ministre qui avait ordonné le référendum, a mené la campagne, et il a démissionné dès le résultat. Ils tenaient à continuer de bénéficier des avantages commerciaux du marché unique européen (voir ci-dessous), des subventions agricoles et scientifiques, et de la main-d’œuvre immigrée.
Qu’est-ce que c’est, l’UE ?
L’Union Européenne est un groupe de 28 pays européens liés par une alliance politique et économique. L’idée est de former un espace homogène avec son propre parlement qui règlemente le commerce, les transports, etc. Il faut payer pour en faire partie, mais en échange on obtient des subventions et surtout, l’accès au marché unique européen.
Qu’est-ce que c’est, le marché unique européen ?
Le marché commun, construit en 1992, facilite l’échange libre de marchandises, de services, de monnaie (rendu encore plus facile avec l’euro) et de personnes dans l’UE. Cela veut dire que on n’a pas besoin de payer de taxe chère à l’importation ou de se procurer un visa pour travailler dans un autre pays européen. L’objectif de ce marché commun était de créer des emplois et de stimuler le commerce. Pour bien marcher, il fallait créer les règles pour homogénéiser la qualité des produits. Ses détracteurs, pourtant, disent qu’il y a trop de règles contraignantes et inutiles qui empêchent les pays individuels de bien gérer leurs affaires. Sans les visas, par exemple, il est plus difficile de diriger l’immigration. C’est aussi plus difficile de faire du commerce avec les pays hors UE, à cause des régulations strictes de commerce qui imposent un prix de vente unique aux pays non-membres.
Comment partir ?
C’est une question à laquelle personne ne sait vraiment répondre, parce que le Royaume Uni est le premier pays à essayer de quitter l’UE. Cependant, vous avez peut-être entendu parler de l’Article 50, qui définit le processus de départ. Le Royaume Uni a déclenché l’Article 50 le 29 mai 2017, et, selon les directives, le pays a maintenant deux années à partir de cette date pour négocier son départ. Les discussions officielles du Brexit ont commencé le 19 juin 2017.
Quelles sont les options possibles ?
Puisqu’aucun pays n’a jamais essayé de quitter l’UE dans le passé, il n’y a pas de chemin à suivre. Par conséquent, tout est en jeu. Les expressions préférées des politiciens britanniques en ce moment sont “Hard Brexit” (Brexit dur) et “Soft Brexit” (Brexit mou). Mais que veulent-ils dire ? Personne n’est sûr, et beaucoup de journalistes ont critiqué leur flou. Mais voici ce qui est sous-entendu par chacune des deux options :
- Hard Brexit = un refus de faire des compromis sur les sujets comme l’immigration ; un départ probable du marché commun. C’est la position actuelle du premier ministre Theresa May.
- Soft Brexit = beaucoup plus flexible, une situation similaire à celle de la Norvège, qui a obtenu l’accord de faire partie du marché commun sans être membre de l’UE.
Qui est impliqué ?
Acteurs clés pour l’UE
- Michel Barnier : le négociateur principal d’une position robuste à propos des négociations. Il se concentre sur l’ordre des événements ; il faut discuter les termes de séparation avant les affaires de commerce.
- Sabine Weynard : la négociatrice adjointe avec 23 ans d’expérience dans les relations commerciales. Elle aide Mr Barnier à passer le meilleur accord pour l’UE.
- Donald Tusk : le président du Conseil Européen, il doit s’assurer que tous les chefs des pays UE soient unis pendant les négociations.
- Didier Seeuws : le chef du groupe de travail interne, chargé des détails techniques du départ britannique et responsable d’un rapport stratégique futur entre l’UE et le Royaume Uni.
Acteurs clés pour le Royaume Uni
- Theresa May : le Premier Ministre actuel, elle soutenait la campagne du Remain avant le référendum. Maintenant, pourtant, elle ouvre la marche au Brexit parce que c’est ‘ce que le pays veut’. Elle est devenue Premier Ministre après que David Cameron a démissionné et que le chef de la campagne du Leave, Boris Johnson, a retiré sa candidature au poste. Mme May croit que de ne pas passer un accord est mieux que passer un mauvais accord.
- Boris Johnson : le ministre des Affaires étrangères et figure du proue de la campagne du Leave, il avait notamment lancé l’argument du financement possible du NHS après le départ de l’UE.
- David Davis : le ministre du départ de l’UE.
- Oliver Robbins : le conseiller personnel de Theresa May sur le sujet du Brexit.
- Sir Tim Barrow : l’ambassadeur britannique auprès de l’UE, il a une grande expérience au sein de l’UE). Il était notamment responsable de transmettre la lettre de l’invocation de l’Article 50 à Donald Tusk.
Quels points ont été abordés jusqu’à présent ?
La quatrième série de discussions du Brexit vient de se dérouler (discours du Premier Ministre à Florence). Dans son discours, Theresa May a mentionné qu’elle veut une période de transition et que le pays pourrait verser une indemnité d’environ €20 milliards à l’UE (le fait que le Royaume Uni quitte l’UE laisse un grand trou dans le budget européen, cette indemnité a pour objectif de couvrir le déficit.) Justement, le montant de cette indemnité est un grand point de friction entre l’UE et le Royaume-Uni puisque l’EU veut la somme la plus grande possible, et le Royaume-Uni la plus petite. Les autres sujets dont l’UE veut s’occuper en priorité sont les droits des citoyens et la frontière de l’Irlande du Nord (puisque l’Irlande ne fait pas partie du Royaume Uni, elle reste dans l’UE et c’est donc la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’Europe). L’UE va décider en octobre s’ils ont assez progressé pour commencer à traiter d’autres sujets.
Le gouvernement britannique affirme que le pays quittera le marché commun au jour du Brexit, mais qu’il va essayer de prolonger l’accord de commerce actuel pendant la période de transition. Après le Brexit, le gouvernement souhaite pouvoir choisir quelles lois européennes il veut garder.
Que se passera-t-il pour les Européens qui travaillent, ou veulent travailler, au Royaume-Uni ?
Pour l’instant, aucune décision définitive n’a été prise. Mais, le Royaume-Uni voudra passer un bon accord, puisque les règles qu’il applique aux citoyens européens seront valables pour les citoyens britanniques qui habitent dans l’UE. L’idée pour le moment est la suivante:
- Les citoyens européens qui habite au Royaume Uni depuis au moins cinq ans peuvent demander le statut de résident (et continuer d’y habiter), et ils peuvent aussi inviter son époux/ épouse et ses enfants.
- Ceux qui y habitent depuis moins de cinq ans peuvent continuer d’y habiter et demander le statut après cinq ans
- Ceux qui arrivent après ne pourront rester que temporairement.
- Le gouvernement espère maintenir le voyage entre le Royaume Uni et l’UE sans visa.
Comment a le Brexit affecté l’économie ?
Malgré la peur profonde que le Brexit affecterait de manière sévère l’économie anglaise, on n’a pas encore vu la crise redoutée par beaucoup de gens. En fait l’économie anglaise s’est accrue en 2016. La livre, pourtant, a chuté 15% contre l’euro après le référendum, et le Brexit semble avoir créé l’un des marchés les plus incertains depuis longtemps. La vraie question est l’effet sur le long terme, puisque le Royaume Uni devra rédiger ses propres nouveaux accords sans bénéficier de son ex-position de porte de l’UE, ce qui pourrait causer une perte considérable de bénéfices, d’emplois et même d’activité économique.
Le Brexit est un thème complexe et sensible, et nous n’avons qu’effleuré le problème dans cet article. Mais, avec vos nouvelles connaissances vous pourrez mieux comprendre les détails et l’évolution de la situation. Essayez aussi de vous forger votre propre opinion (si jamais vous vous trouvez mêlé à une conversation politique, cela peut sauver la vie !). Si vous voulez savoir plus, ou vous avez des questions spécifiques, envoyez-nous un message et nous essayerons de vous aider !